Jean Le Gac
Jean Le Gac
Jean Le Gac est né en 1936 à Alès dans le Gard. Il part à Paris et obtient le diplôme de professeur de dessin et d’arts plastiques en 1958. Après avoir enseigné dans le Nord de la France, il revient à Paris en 1968 pour y tenter quelques expositions. Finalement, en dépit de l’évidence de son talent, il renonce à sa vocation de peintre et déclare même abandonner l’idée de devenir artiste.
Avec Christian Boltanski, il réalise à cette période un certain nombre d’interventions, promenades et envois postaux comme autant de gestes simples et anonymes lui permettant de médiatiser son travail. Ces expériences artistiques sont alors consignées dans ses Cahiers, réalisés entre 1968 et 1971, où il mêle aux photographies des textes manuscrits d’un récit aux accents biographiques.
En 1972, Harald Szeemann décide d’exposer les vingt-six carnets qui constituent ce travail lors de la Documenta V, dans le cadre des Mythologies individuelles. Il a 36 ans et c’est un artiste sans œuvre. Il dit : "J’ai regroupé sous forme de "cahiers" mes lettres et mes photos élaborées durant les années 69-70." Paradoxalement c’est ce choix du deuil de la peinture et d’activités apparemment régressives qui lui ouvrent les portes du monde de l’art. Dès lors il va exposer régulièrement. Cependant, il refuse de se laisser entraîner dans les nouveaux courants de la mode de l’art qu’il avait pourtant semblé inaugurer par des démarches proches du Land Art ou de la Performance. Il prend du recul, il retourne aux livres de son enfance, à cette littérature illustrée et désuète qui avait contribué à sa vocation de peintre, et dans un esprit à la fois de modestie et d’authenticité, il poursuit une œuvre où le peintre, c’est-à-dire lui-même, devient le sujet-objet.