Ronald Searle dans son essai La Caricature, Art et Manifeste de 1974 disait de la caricature qu’elle « reflète, comme dans un miroir déformant, une image de la société régnante, de ses vices et de ses vertus, et pour finir de sa banqueroute. Armée du réalisme qui lui est propre - fondé sur l’exagération et la simplification- elle permet de saisir, parfois avec plus d’acuité encore que les documents historiques eux-mêmes, l’esprit de l’époque ».
Le dessin humoristique est un dessin qui par l’humour, la satire ou la caricature prétend divertir le spectateur, le faire rire et l’amuser. Il met en scène des personnages grotesques aux traits exagérés, des animaux loufoques et des paysages fantastiques. Le dessin d’humour suggère une émotion et porte à réflexion. Il peut être l’interprétation d’une époque ou la satire d’une société. Si ce sont souvent des personnalités réelles qui sont caricaturés, le dessin humoristique représente également des personnages fictifs, fruits de l’imagination de l’artiste. Le « portrait charge » ou la caricature mettent en exergue les traits d’un portraituré, ils exagèrent les expressions physiques du modèle ou les traits de son caractère à des fins humoristiques ou polémiques.
La tradition du dessin d’humour remonte au 15ème siècle lorsque les premières caricatures apparaissent dans les marges des manuscrits et des enluminures. C’est à cette époque que se dessine un intérêt pour les drôleries et autres grotesques. Des portraits loufoques et des scènes de fantaisie prennent place sur les marges et les lettrines. L’invention de l’imprimerie et la diffusion de l’information qu’elle engendre favorise le développement du dessin humoristique. Utilisé d’abord comme un outil de propagande et de critique sous l’Ancien Régime, le dessin satirique connaît ensuite son âge d’or avec l’avènement de la presse au 19ème siècle avec les publications dans La Caricature et Le Charivari. L’engouement pour la caricature est tel que les pouvoirs publics tentent d’endiguer le phénomène en établissant la censure des dessins, des gravures et lithographies. Il faudra alors attendre la loi sur la liberté de la presse de 1868 pour assister à une floraison des journaux satiriques. À partir de ce moment-là, la satire rencontre un succès fulgurant et inonde l’espace public.
Le succès du dessin humoristique s’explique en partie par le message qu’il transmet qui se veut simpliste et universel. Le public apprécie la caricature sociale et des mœurs de la société que le dessin implique. Tous les prétextes sont bons pour rire de ce monde et de ceux qui nous gouvernent. Le dessin n’est plus qu’une image de la société, une interprétation à prendre à la légère.
Aujourd’hui encore, le divertissement et l’humour sont au centre de beaucoup et le succès du dessin humoristique le prouve. Le développement fulgurant des dessins animés, des cartoons et des livres illustrés est la preuve que le public apprécie ce genre artistique. Petits et grands, le dessin humoristique est fait pour tous les publics et nous renvoie en enfance.
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