La photographie en noir et blanc fut pendant longtemps le seul support de photographie disponible. Si le procédé photographique existait déjà depuis plusieurs siècles, Aristote évoquant le phénomène physique de la camera obscura déjà au XIe siècle avant JC, la photographie comme technique a vu le jour au XIXème siècle à la suite d’expérimentations scientifiques.
L’année 1826 marqua la naissance de la photographie à la suite d’une expérimentation par le français Joseph Nicéphore. Il captura une image sur une plaque d’argent après que cette dernière ait été exposée à la lumière. Intitulé Vue depuis la fenêtre du Gras, elle est la première photographie jamais capturée et marque ainsi le début d'un médium qui aura un impact fondamental sur le monde moderne dans son ensemble. Une douzaine d'années plus tard, un autre français, Louis Daguerre, fait une invention épique lorsqu'il conçoit le Daguerréotype, procédé révolutionnaire qui nécessite un temps d’exposition plus court. Le 19 août 1839, le secret du Daguerréotype est enfin dévoilé devant l’académie des sciences et l’académie des Beaux Arts par le physicien Arago. Sa représentation emblématique du boulevard du Temple à Paris qui fait figurer deux personnages à peine discernables est considérée comme la première photo laissant apparaître des humains. Si la photographie a dans un premier temps d’abord servi le domaine des sciences, notamment en astronomie ou en archéologie, l’usage du Daguérréotype s’est démocratisé et a connu un succès sans précédent. Utilisé d’abord par la bourgeoisie comme moyen de capturer les portraits, le procédé devient une pratique populaire au cours des décennies suivantes.
À partir des années 50, le procédé connaît un développement majeur et s’exporte sur le marché mondial. Des techniques innovantes sont mises au point à la fin du XIX ème siècle par Richard Leach Maddox et George Eastman qui révolutionnent le procédé et permettent une utilisation simplifiée. Le premier appareil photo portable Kodak est lancé en 1888 et ouvre la voie à une nouvelle utilisation. Dès lors, la photographie n’est plus un art réservé aux professionnels mais se démocratise et se pratique désormais par des amateurs. La photographie s’impose alors comme une pratique artistique majeure du XXème siècle grâce aux travaux d’Henri Cartier-Bresson, de Brassaï ou de Walker Evans. La vie quotidienne devient un sujet récurrent en photographie et une nouvelle esthétique s’impose. On assiste alors au développement de la photographie de rue, de paysage et à la photographie de journalisme. Ces photographes produisent des clichés subtiles qui renvoient à une époque révolue et mystérieuse.
Seule la photographie a accompli le miracle d’attraper l’âme et la fugitivité d’un instant. Le noir et blanc capture un instant et offre une esthétique particulière, une atmosphère que ne peut offrir la photographie en couleur. Dépouillé des couleurs, le noir et blanc va à l’essentiel et permet de s’attacher à la ligne, à la lumière et aux contrastes. Le monochrome procure une image puissante et percutante qui permet d’exprimer des émotions différemment. Il y a quelque chose de magique dans la photographie en noir et blanc, une émotion forte et une authenticité. La véracité des images monochromes rend le noir et blanc intemporel. Il intrigue, fascine, parfois provoque mais continue de nourrir l’imagination des photographes.
Encore aujourd’hui, le monochrome reste indémodable et continue d’inspirer les photographes contemporains. Le noir et blanc demeure apprécié en ce qu’il sublime le language contemporain.
Le Réservoir vous propose sa sélection de photographie black & white. On y retrouve notamment des œuvres des artistes Liu Tao, Alain Wieder, Claude Cruells, Ed Reddon et Shen Wei. On est sûr que vous trouverez votre coup de cœur au sein de notre sélection.