Gaelle S. Warner 

Photographe, je promène mon regard pour essayer de comprendre la relation intime et complexe que nous entretenons avec les lieux urbains qui nous habitent. Je découpe dans le réel pour en extraire les pièces d’un puzzle, des images qui se répètent et se répondent. Mes collages recomposent ainsi une vision syncopée de ces espaces dans lesquels nous tentons tous de trouver une place pour exister. Dans mes collages, Hong Kong, Los Angeles, Naples ou Paris se fragmentent, s’éparpillent pour réinventer des villes imaginaires qui se dévoilent à mesure que l’on s’approche des tableaux. En me focalisant sur des détails, je veux poser le décor dans lequel nous mettons en scène nos vies individuelles. Il s’agit ici, non pas de regarder le mouvement mais de s’arrêter sur ce moment précis qui indique l’attente, l’absence et le silence qui précèdent toute action. Les architectures que je capture racontent les choix complexes qui ont présidé à la création des espaces que nous partageons. Les villes sont faites de strates où l’histoire ancienne et récente, imprégnées des codes et symboles des pouvoirs financiers et politiques, coexistent dans un dialogue parfois conflictuel. En certains lieux, l’une écrase l’autre qui résiste à l’oubli tant bien que mal. « La technique du collage nait de l’exploitation systématique de la rencontre fortuite ou artificielle entre deux ou plusieurs réalités distinctes, sur un plan qui n’y semble pas approprié – et l’étincelle de poésie, qui surgit du rapprochement de ces réalités. », comme le soulignait Max Ernst (Notes biographiques, 1919). Mes collages sont ainsi une exploration poétique des intersections entre des réalités disparates qui, une fois réunies, révèlent la beauté ambivalente et protéiforme de nos mondes urbains.