Poil à teindre 5

Le travail de peinture de Samuel Biscuit débute en 2020 dans un contexte de pandémie ou tout nous poussait à rester chez soi et à user de stratagèmes pour occuper son temps différemment.
De cette contrainte née une première série intitulée "Crout’Action" .
Le parti pris : n’utiliser que les produits disponibles chez Action en assumant la qualité variable des matériau.  
Au moment de la vente, le ticket de caisse original est remis au commanditaire indiquant le coût des matériaux, ce qui déterminera d’ailleurs le prix de l’oeuvre.
Les motifs naïfs, répétés à l’envie sur de petites toiles, étaient ensuite envoyés par la poste comme pour maintenir un semblant d’échange, de vie sociale.

L'intérêt de l’artiste pour le registre des loisirs créatif va de pair avec sa volonté d’interroger la valeur du travail artistique, notamment la distinction faite entre artiste professionnel / artiste amateur.

La série « Poil à teindre » s’attache à détourner l’usage des produits Beaux-Arts directement accessible dans le commerce. Ici pas de travail « d’imagination » mais une peinture en trompe l’oeil reprenant tel-quel les encarts présents au moment du déballage des articles.

La série « Engagement Qualiter » fonctionne comme une collection de preuve d’achat, de vestiges d’une transaction et d’une marchandise consommée.
Ici le ticket de caisse est le seul objet représenté. Il se détache d’un fond uniforme, le plus souvent noir. Le ticket prend des allures variés : immaculés, froissés, aux pliages plus ou moins élégants.
Une denrée ingérée (raviole à l’emmental, gâteau) reçoivent les même traitement pictural qu’un achat émotionnel (cadeau d’anniversaire) ou que la preuve d’une visite pénible à la poste.

La série « Tracts » empreinte à l’hyperréalisme pour nous restituer des documents destinés à passer de main en main dans l’espace public, à l'occasion de manifestation.
On y retrouve les préoccupations syndicales de l’artiste. La toile « Accompagnement Réussite » présente sur une plateforme téléphonique de la Caf du Gard constitue un pied de nez à la situation des artistes au statut précaire.