Série 2 (Masterpiece) - BAULE-02
Dans la Série 2 (Masterpiece), les sujets des portraits, généralement des statues, prennent la place centrale. Les différents paramètres de la perception habituelle de ces œuvres sont modifiés. Leur taille d’origine est souvent amplifiée, soit pour les rapprocher de la taille humaine, soit pour augmenter leur puissance naturelle. Elles posent le plus souvent de face ou de profil pour mieux dévoiler leurs formes. Privées de leur tridimensionnalité, les statues sont traitées comme des silhouettes dont les contours marqués s’illuminent d’un halo de lumière.
Le halo, composé d’un entrelacement de filaments blancs, délimite la forme principale comme une empreinte. Les visages et les corps sont teintés dans le même gris neutre que le fond de toile. Ils sont représentés presque sans ombre. La matière est volontairement occultée et n’est que partiellement représentée sur des zones segmentées. La couche de peinture supérieure s’y craquelle pour rappeler la texture de matériaux anciens. Sans recours à des jeux de lumières, le relief est seulement rendu par la justesse du trait, fidèle à la pièce originale.
Les traits, blancs ou gris clair, sont majoritairement fins et dessinent subtilement les lignes directrices. Continues, en tirets ou en pointillés, ces lignes signalent le modelé des formes intérieures. Elles donnent les principales expressions aux visages en harmonie avec les corps. Les codes de représentations des cultures sont respectés et un petit tatouage rappelle leur appartenance identitaire. Les têtes sont le plus souvent coiffées d’une «colonne cérébrale». Constituée d’une multitude de points, cette colonne s’élève vers le ciel, telle une veine de respiration. C’est un canal de pensées qui symbolise les échanges spirituels avec l’au-delà.
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L’artiste nantais Fred Guillet travaille sur le thème du patrimoine culturel africain. Au-delà de la dimension spirituelle des statues et des masques africains, il aborde dans sa série « RESTITUTION ... PLEASE WAIT » le concept du retour des œuvres dans leurs pays d’origine. Son travail pictural remet en lumière le patrimoine culturel africain dans un langage contemporain, interroge sur le parcours des œuvres et leurs «lieux de conservation», parfois dans un contexte anachronique et surréaliste. Dans sa dernière série « COMICS », chaque toile est conçue comme une vignette de bandes dessinées et les personnages s’expriment dans « un langage de détention ». Il développe actuellement ce langage conceptuel « Counting years » vers de nouveaux médiums comme les boîtes muséales de conservation et le digital.
Un lien familial avec l’Éthiopie a orienté son travail vers les cultures africaines. A partir de recherches iconographiques, il choisit des pièces qui le touchent. Il essaie de comprendre l’histoire et le vécu de chaque pièce, leur contexte de création et leur usage, d’en saisir le sens spirituel. Puis, il transpose fidèlement ces chefs-d’oeuvre en tirant leurs portraits dans son univers pop et minimaliste. Ainsi représentées, l’échelle du temps s’efface et les statues s’invitent dans le monde d’aujourd’hui.
90% du patrimoine culturel africain se situerait en dehors du continent africain et une très grande majorité de ces pièces historiques sont toujours conservées hors d’Afrique, en particulier dans les musées occidentaux. Son travail évoque ce désiquilibre culturel, aborde la question de la restitution des œuvres «captées» sur le continent africain, principalement pendant les conquêtes coloniales.
Sur le sujet complexe de la restitution, son travail exprime le droit légitime des peuples à disposer des œuvres qui constituent leurs patrimoines culturels, en particulier les objets repères.
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