Oeuvre sans titre série "Malevitch"
Empreinte de bouche d'égout rose mauve fluo, techniques mixtes, couleurs noir satiné fluorescent, carton et acrylique sur toile non encadrée.
Une série nommée Malevitch, qui m’a inspiré à reformuler l’abstraction d’une manière différente. Malevitch avait fait un carré blanc sur blanc et noir sur noir pour montrer l’abstraction absolue.
Ici, l’estampe est en relief, et recouverte par la toile, qui recouvre l’ensemble de l’œuvre et du support. Comme Malevitch, qui montre l’abstraction, je démontre ma démarche artistique de la finitude de l’Homme à travers son absence et l’utilisation d’un objet purement duchampien (le ready-made). L’épaisseur de l’impression varie de 1,5 cm à 3 cm.
Les couleurs fluorescentes correspondent aux couleurs utilisées par les entreprises de travaux routiers pour indiquer les différentes profondeurs des canaux sur la route, telles que l’eau potable (bleu fluorescent), les eaux usées (marron), la téléphonie (vert fluorescent), l’électricité (rouge fluorescent), etc., etc., pendant les travaux routiers.
Ces couleurs finissent dans les égouts, avec les autres produits laissés par les véhicules qui passent lors de fortes pluies.
Travaillant l’extrême, cette série montre un recto souvent très esthétique et un verso qui cache généralement l’horrible. (beau/posé).
Dans mon approche de la finitude de l’Homme et de la fin de l’art qui lui est associé, jeter les œuvres d’art à la poubelle signifie que l’art n’a plus de valeur aux yeux d’une Humanité disparue.
Pour la petite histoire, toutes mes œuvres sont sans titre jusqu’au jour de la vente, où elles sont titrées avec le nom, le prénom et la date de naissance de l’acheteur.
Le but n’est pas de flatter l’ego, mais de démontrer la finitude de l’être humain avec lequel je travaille dans mon art, en humanisant un objet (Ready made) élevé au rang d’œuvre d’art de Marcel Duchamp. L’œuvre ne représente plus une bouche d’égout mais devient, par son titre, une allégorie de l’Homme et d’une personne distincte.
Estimation France : 35,00 €
Daniel Mourre montre les dérives des sociétés humaines et la nécessité d'un changement rapide afin d'éviter l'éclosion inévitable de situations extrêmes, et se confronter à la finitude programmée de l’Homme provoquée par une nature saccagée.
Pour représenter l’impact de l’homme dans son environnement, Daniel Mourre se positionne comme un archéologue d’un futur très lointain qui découvrirait des traces et des fossiles de l'ère anthropocène disparue. La bouche d'égout, qui symbolise pour l'artiste la civilisation humaine industrielle, est ainsi déclinée à travers différentes techniques.
Du fait de son antinomie, l’objet permet de mettre en avant les extrêmes constatés dans notre Société. La conséquence est l’apparition de rouille qui résulte de la destruction du métal, socle de notre Société contemporaine. On peut voir ses œuvres comme les empreintes fossilisées d’une ère industrielle qui a perdu le sens et s’est anéantie. Les pièces qu’il donne à voir, rejoignent, dans leur totale contemporanéité, une sorte de rappel d’art primitif, un nouvel art premier post effondrement : le FINITISME.
Autodidacte, Daniel Mourre exprime de manière originale le monde qui nous entoure. Il travaille l’empreinte de l’Homme dans son environnement à travers un objet qui s’est imposé à lui et qui représente le symbole dérisoire de la civilisation moderne : la bouche d’égout. Ce matériau passe ici par la maîtrise de la rouille qui imprime l’action du temps. L’artiste a créé 24 séries différentes d’œuvres sur l’empreinte de bouche d’égout à partir de rouille sur différents supports : toiles, dessins, cartons, tôle de fer, sculptures. Tous ces supports sont issus de ses propres déchets ou rebuts artistiques. L’auteur puise son imagination dans ses interrogations viscérales plus que dans les autres courants artistiques déceptifs au moment où la bouche d’égout signale une absence d’ego mais non d’interprétation de la part du créateur. Soucieux du milieu où il vit, Mourre critique une société qui, écrit-il, “marche sur la tête comme on peut marcher sur une bouche d’égout sans plus y faire attention”. Et ce, du point de vue archéologique d’un survivant de l’effondrement actuel qui découvrirait des fossiles de notre société après la disparition de l’Homme. L’artiste transforme de la sorte la notion de temps. Il l’étend en la poussant en un paroxysme qui pose la question de l’avenir de l’homme, de la vie et de l’art. La vision même de l’objet d’art à la Duchamp est altérée et mise à mal et en abyme par l’oxydation. Mais l’effondrement de l’art devient ici l’appel à sa renaissance par un travail de reprise et de remise impressionniste où s’inscrivent, à partir de la nasse de la fonte, à la fois sa syncope et des songes. Jean-Paul GAVARD-PERRET Parue le 2 janvier 2021Du même artiste
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