l'île (la mouette)

Illustratrice, sérigraphe et graphiste, Julie Legrand vit et travaille à Sète. Diplômée en 2018 de l'ESAL (École Supérieure d'Art de Lorraine) Julie poursuit sa formation au sein de l'atelier de la Fondation CIEC (Centre International de l'Estampe Contemporaine) en 2019. C'est là, expérimentant plusieurs techniques d'estampes, accumulant savoir et expérience, que l'artiste ébauche son projet de créer son propre atelier d'impression. À son retour en France, elle co-fonde le Cyclo, lieu de production et de diffusion des arts graphiques et visuels, où elle installe son atelier de sérigraphie.

Passionnée d'image imprimée et de micro-édition, Julie privilégie les techniques traditionnelles et utilise le dessin et le fanzine comme supports à son imaginaire. La sérigraphie est une constante dans sa pratique : Julie mobilise son savoir-faire dans sa production personnelle ainsi qu'à l'occasion d'ateliers pédagogiques. Au-delà de l'autonomie de production que lui permet la sérigraphie, cette technique suppose une façon particulière de penser l'image qui est devenue pour elle, une véritable méthodologie.

L'île :

Convoquant une iconographie de symboles et de couleurs, la série de L’île propose une interprétation illustrée de la thématique de l’exposition. Triptyque narratif, la série tronçonne le paysage, le décompose, et juxtapose les éléments pour proposer une lecture symbolique et poétique d’un environnement. Dans une approche qui investit les codes de la bande dessinée et du graphisme, la composition se fait archipel, et propose de concevoir l’image comme le résultat d’un amoncellement, de la cohabitation et du dialogue d’éléments séparés. L’anecdotique côtoie l’ornemental, la lettre côtoie le dessin, le trait côtoie la masse. L’heure est à la contemplation. Onirique et fantasmatique, L’île fait la promesse de la douceur, enveloppe et transporte, suggère une pointe d’exotisme, souffle une brise humide et chaude. La nature est au centre, le bleu de l’eau et du ciel rencontre le jaune de la lumière pour produire le vert de la terre. Les couleurs se superposent et se recouvrent, les couches se font visibles, la trame rencontre l’aplat : l’image multiple revendique son identité et sa singularité. Si l’image unique, dessin ou collage original, préexiste à l’estampe, cette dernière ne fait pourtant pas l’objet d’une reproduction de la première. L’original est alors une étape vers sainterprétation, sa réinvention, son étirement vers une production inédite. Ainsi abordée, la dualité entre image unique et image multiple interroge le processus créatif de l’artiste et réévalue la fonction et la valeur de l’oeuvre.