Scène bucolique sous bois

Dans « La Recherche de l'Absolu », paru dans les temps modernes en 1948, Sartre exposait une idée merveilleuse d'ordre primordiale, antérieur à l'histoire de la culture, il évoquais le visage antédiluvien de son ami, qui se moquait de la culture et ne croyais pas au progrès, faisant de l'homme d'Altamura et de l'homme de Eyzies ses contemporains d'élection, croyant dans cette extrême jeunesse de la nature où ni le beau ni le laid n'existent encore. Et à ces thèmes d'anthropologie existentielle, le rien c'est déjà beaucoup.

Il nous vient des images. Corps nus, plumes, corps souples, visages scarifiés, capes en peaux, lèvres en labrits, cous distendus, parées, spectaculaires. Il nous vient des images de baignades, de courses, de pieds frôlant le sol ou bien frappant la terre. Des feuilles fraiches cousues en forme de matrice.

Armé d'un arc et de flèches Bernard Pons honore la pièce qu'il va créer, et lui demande la permission avant d'en partager la viande; le saumon sauvage à la robe argentée accepte de se transformer, le vieux lynx au visage renfrogné devient un beau jeune homme.

Mille êtres qui se sont glissés dans son imagination comme des annonces du destin et sur une idée directrice selon laquelle nous devons les lire. Les enfants jouent avec des perroquets nucléaires dont ils arrachent les atomes colorés pour en faire des pendants d'oreilles ; une jeune fille porte le ciel sur la tête, la queue gracieusement glissée.

Il nous revient des images de paradis perdu, de liberté extrême, d'un monde qui n'est que la partie visible de sa substance spirituelle, qui contient le regard de l'autre.

Là où le sens et le non-sens s'affrontent et s'échangent.