Ulysse blessé par une épine
On attribue à Sophocle l’écriture de 123 pièces, écrites entre – 468 et – 406. Seules huit d’entre elles nous sont connues. Pour les autres, il ne nous reste que les titres et quelques évocations de leur contenu : "Les Amants d’Achille", "Les Éthiopiens", "Dédale", "Le Rapt d’Hélène", "Les Devins", "Les Idiots", "Ulysse devenu fou"…
Ulysse blessé par une épine" est inspirée de la Télégonie (du nom de son héros Télégonos), épopée composée au VIe siècle avant J.C. par le poète Eugammon de Cyrène et aujourd’hui, également, perdue.
L’action de la Télégonie se situe après L’Odyssée. Dans "Ulysse blessé par une épine", Télégonos, fils qu’Ulysse a eu avec Circé, apprend l’identité de son père et part à sa recherche. Il débarque dans l’île d’Ithaque et pille le bétail d’Ulysse afin de nourrir ses compagnons. Sorti pour défendre son bétail, Ulysse est blessé mortellement par son fils, dont la lance, œuvre d’Héphaïstos, est surmontée de l’épine venimeuse d’une raie. A la fin de la tragédie de Sophocle, Ulysse apparaît sur une civière, blessé à mort, reconnaît son fils, qui le reconnaît à son tour, et tous deux se lamentent en pleurant.
Texte de Pacôme Thiellement
Estimation France : 8,69 €
Territoires doubles
Animé par la volonté de donner forme à cet appétit nommé Désir, l’art de Sandra Ghosn cartographie un territoire nomade glissant entre fantasme et réalité contemporaine. Sandra Ghosn pratique le dessin, qu’elle réalise essentiellement à l’encre noire. L’encre de Chine, par son caractère inaltérable et définitif (le retour en arrière et l’effacement étant hors de portée), invite l’artiste à adopter une double posture : celle de devoir accueillir la ligne tracée dans sa nudité quitte à la recouvrir, quand celle-ci lui paraît incomplète, par ajouts de strates successives.
Ainsi les œuvres deviennent le territoire d’un jeu de travestissement situationnel au gré de la superposition des traits et des trames.
La manière dont l’artiste utilise la plume donne quant à elle le ton : tendresse, profondeur et précision d’autant plus que cet outil ouvre l’accès à une lente temporalité, synchronise la durée de la création avec celle du temps intérieur. Le résultat s’apparente alors à la photographie d’un long rêve.
À travers sa confrontation avec l’œuvre, le/la spectat.eur.rice oriente par son propre regard le sens des récits qui la constituent. Ce processus d’échange est un élément déterminant des images de Sandra Ghosn, puisque le/la spectat.eur.rice les recompose au moyen de son désir intime. La création n’en devient que plus totale et collective.
Sarah Ghosn bénéficie de nombreuses expositions collectives et personnelles et a recu plusieurs récompenses artistiques. Elle participe régulierement à des résidences en France et à l'étranger.
"L’une des premières occurrences du mot Rasm (ou « dessin » en arabe) se trouve dans la poésie d’Imro’ AlQais (500-550). Elle signifie l’empreinte, le vestige de l’être aimé dans le sable. Guidée par cette transcription, je dessine pour chercher les vestiges d’un passé soigneusement enfoui dans les plis d’une mémoire individuelle et collective. Pour moi, le trait ouvre peut-être un chemin heureux vers la réminiscence."
Sandra Ghosn
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